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N'importe où hors du monde (ou alors en Touchétie)

(cliquer pour tout voir) Dans la crise générale des rapports humains rongés par un capitalisme en interminable phase terminale, dans cette crise improprement nommée « crise sanitaire », vient par moment l’envie de crier : « laissez-moi sortir ! ». Me voilà dans un de ces moments-là. C’est donc avec une envie rentrée de sortir que je reprends un vieux projet : raconter mes voyages – et raconter le voyage, forme sans doute la plus féconde de l’envie de sortir. Revenir aux Contrées Magnifiques. Et à la mélancolie qui se lève en nous quand on va au bout. J’ai rouvert la caisse aux photos, celle où je garde des traces de présence en Asie et ailleurs, vers la fin du XXe siècle et au début du XXIe, à cette époque charnière où les portables étaient à peine apparus et les réseaux sociaux pas encore. Aujourd’hui, c’est Touchétie. Les Touches sont un des derniers peuples païens d’Europe, qui nomadise (nomadisait ?) entre l’Azerbaïdjan et des vallées du Caucase géorgien. Après deux décennies, des émotions sont de retour avec ces images maladroites et pourtant calculées, interrogeant la nécessité parfois ressentie d’atteindre des bords du monde, des recoins de planète où ‘on sent vraiment loin de tout. Su ces photos, il y a une patine de lueur en trop, un défaut bienvenu des photos d’amateur qui interpose entre elles et nous la présence spectrale du temps.
Emmenés par Azyadé, de Vétérinaires sans Frontières (oui, ça existe), on avait pris des routes de la fin de l'empire soviétique (chaussées défoncées, éboulement à contourner, poteaux électriques couchés…)
Après six ou sept heures de voyage on était arrivée dans le camp de base, ce village où nous passerions une semaineAprès une journée de route, notre camp de base, ce village où nous allions passer une semaine  




Nous y étions attendus pour une cérémonie importante, présidée par notre guide, anthropologue à l'université de Tbilissi et chaman: la fabrication de la bière rituelle dans l'église bâtie par le dernier tsar de Russie pour convertir ces populations.


Les ethnologues amateurs se sont pliés avec beaucoup d'obligeance aux coutumes locales.


La cérémonie (il y aura aussi un mouton sacrifié : un ancien d'Afghanistan le découpera au couteau avec une dextérité qui suggérait une capacité certaine à dépecer les corps). Remarquez l'absence de femmes…

…c'est que justement, les femmes en âge de procréer ne doivent pas s'approcher des autels…




Le lendemain, je me demanderais: mais qu'est-ce que je fous là? Comment me suis-je retrouvé sur ce cheval?

 
A l'aube, on avait commencé à monter… 

On avait croisé une de ces tours-refuges qui ponctuent ces vallées, routes d'invasions millénaires


On avait aperçu au loin des villes fantômes, et parfois on les avait traversées


Le secret, c'est d'avancer d'un pas régulier et de ne surtout pas s'arrêter


Très haut, on avait aperçu la harde





Le berger nous avait accueilli. Il était en train de préparer la ricotta locale.



Et nous étions arrivés au bout: en face, c'était la Tchétchénie…
(la suite demain)

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